Hello, supposing a French division of two brigades is deploying in the conventional two lines of battalions, can anyone point me to any guidance, regulations etc. that determine a preference for either the brigades deployed one behind the other or the brigades deployed next to each other?
Many thanks
Good day Scott,
Do you have a mean to share your notes on that question, ie. brigade formations ?!
To go further on those elements, one need to check the type of columns used in the context of brigade(s):Division(s) dispositions ..
see for example Shauenbourg instructions, and instruction # 19 for the type of column used in the second Line of Battle
https://www.austerlitz.org/download/schauenbourg.pdf
in the switch from order in column (ordre en colonne) to order in battle (ordre en Bataille), the commander should have (or not) anticipated the kind of deployment suited to his "mission", the disposition of the great body of troops before deploying in order of battle would influence the final battle array acted upon under various circumstances.
Hi Garry
At Talavera, both Lapise and Sebastiani had deployed their divisions in two lines. However, Lapisse placed a full brigade in each line, whereas Sebastiani had his brigades alongside each other, with one regiment in the first line and the other in the 2nd (FYI Oman vol II: 588).
Sebastiani's formation looks like that noted by Napoleon on 26/11/1805 and described in Foucart's Prussian Campaign (pages 700 onwards).
My interest was why had Lapisse made the change. One possible reason was that his leading brigade included the 16th Legere and perhaps they were employed in a more active skirmish role. Sebastiani had no Legere regiments. I have never found any information explaining this choice.
I have a legacy of notes which imply certain features and benefits of the various brigade formations. Unfortunately, I was too young and naive to make more careful note of sources at the time. So I'm digging in these to try to rediscover the texts are reread them to verify some ideas.
Regards Scott
Hi Scott.
No, I was just completing a chapter for Andrew Bamford's 'Glory is Fleeting', which is soon to be published by Helion. The research for my book 'Wellington at Bay', also published by Andrew, led me to look at Maucune's division at Salamanca, and this additional work led to the chapter in 'Glory is Fleeting', it struck me that existing accounts of Salamanca didn't take fully into account both French practice and some of the French accounts, particularly with regard to Marmont's fall guy, Maucune.
I am currently translating Eric's long post, although the chapter is submitted.
What do I need to know about Lapisse and Sebastiani at Talavera
- sounds like a Boxing day rabbit hole for me to explore.
Best regards
Garry
Hi Garry
I presume what prompted your query was the French deployment of of Lapise and Sebasiani's divisions at Talavera.
Have you been able to identify a reason for preference of these brigade alternatives that explains this choice?
Regards
Scott
GENERAL RENARD lignes, C2, Rogniat vs Marbot & Rocquancourt
ÉVOLUTIONS DE LIGNE.
g11.— Les tacticiens de l'Allemagne ont rejeté systématiquement la partie de notre ordonnance d'infanterie intitulée Évolutions de ligne. Il est utile d'en faire connaître les motifs. Je ne craindrai pas de consacrer quelques pages à cet objet si important, car la question à décider est celle-ci : Quel est l'ordre de bataille de L' infanterie ?
Voici d'abord les principaux arguments sur lesquels est basée la théorie allemande :
1° les évolutions de ligne appartiennent a l'école linéaire pure»
Les évolutions de ligne de nos règlements sont, au point de vue des militaires de l'Allemagne, en opposition for melle avec les méthodes de guerre produites par les gran des luttesde laRévolution etdel'Empire. Ce sont des mouvements de parade et non pas des manœuvres de guerre. La guerre, comme on la fait actuellement, ne comporte pas l'annihilation de tous les commandements.
Ainsi, les manœuvres de ligne de l'ordonnance sont tracées pour un corps d'armée de deux divisions, et tout y dépend d'une seule tête : commandements et direction. Les deux lignes agissent tout d'une pièce : c'est donc de la tactique linéaire pure, ce sont-là les mouvements du camp de Postdam ; on y trouve des commandants de ligne, et nulle trace de com mandants de brigade et de division.
En outre, rien n'a été calculé pour combiner les efforts de l'infanterie avec ceux des autres armes; comme dans l'école linéaire, leur liaison n'est pas prévue; on n'a même pas ménagé dans la ligne des espaces destinés à favoriser les manœuvres de l'artillerie. On sait, en effet, qu'au temps de Frédéric II la combinaison des trois.armes, telle que la conçoit la tactique actuelle, était inconnue, ou du moins à peine entrevue.
a* La tactique moderne exige d'autres combinaisons dans l'emploi et le mouvement des lignes.
Ce qui distingue la tactique moderne, c'est l' imprévu. R i e n n ' e s t c o m p a s s é ; il f a u t q u ' o n s a c h e p a r e r i n s t a n t a n é ment aux mille incidents qui se produisent sur le champ de bataille.
Chaque partie de la ligne doit donc être douée d'indépendance et d'initiative. Pour l'époque où le système des évolutions de ligne de l'ordonnance a été créé, c'était tout le contraire. Dans la tactique linéaire, en effet, tout était calculé d'avance :le mode de déploiement, la direction de l'attaque, et jusqu'à la marche du combat.
Dans notre système des évolutions de ligne, on ne s'occupe pas du jeu des réserves, et l'on rentre par conséquent dans les errements de la tactique linéaire, qui n'en avait pas. Cette tactique faisait dépendre l'issue du combat de l'effort de la première ligne. La bataille avait alors le caractère d'un choc, pendant lequel et même après lequel toute direction échappait à la main du chef, par cela seul que celui- ci commandait tout, dirigeait tout, que tout dépendait de son unique volonté, que tous les corps obéissant à des règles compassées, le moindre dérangement dans les combinaisons rendait le chef suprême impuissant à réparer le mal. Cela est si vrai que, durant toute la guerre de Sept- Ans, les vaincus eurent autant de peine à quitter le champ de bataille que les vainqueurs à les poursuivre. Les résultats immenses d'une poursuite bien conduite sont une révélation de la tactique actuelle.
Quelle est, au contraire, la physionomie des combats et des batailles livrés de nos jours? Napoléon l'explique ainsi au maréchal Saint-Cyr :
« Il ne faut accorder la « préférence à aucun genre d'attaque et agir selon les «circonstances; il faut aborder l'ennemi avec le plus de « moyens possibles. Après avoir engagé les corps les plus « à proximité de l'ennemi, on doit les laisser faire, sans « trop s'inquiéter de leurs bonnes ou de leurs mauvaises chances; seulement, il faut avoir bien soin de ne pas céder « trop facilement aux demandes de secours de la part «de leurs chefs.»— «Il ajoutait, dit le maréchal, que ce « n'était que vers la fin de la journée, quand il s'apercevait que l'ennemi fatigué avait mis en jeu la plus grande « partie de ses moyens, qu'il ramassait ce qu'il avait pu « conserver en réserve, pour lancer sur le champ de bataille une forte masse d'infanterie, de cavalerie et d'artillerie; que l'ennemi ne l'ayant pas prévu, il faisait ce
« qu'il appelait un événement, et que par ce moyen il « avait presque toujours obtenu la victoire. »
Ce que Napoléon faisait pour son armée entière, n'est pas tout à fait praticable par le commandant d'un corps d'armée. Celui-ci surveille de près et dirige même les mouvements des généraux divisionnaires engagés ; mais il a aussi à s'occuper de l'emploi de sa réserve, et s'il prenait l'initiative du com m a n d e m e n t d e s l i g n e s , il s ' e x p o s e r a i t à p a r a l y s e r l e s r o u a g e s de sa machine militaire. D'ailleurs, sur une longueur de trois mille pas qu'occupe un corps d'armée déployé , que d'incidents un combat sur place (ou traînant) ne peut-il pas engendrer, pendant tout ce long espace de temps qui précède l' événement^
D'abord le terrain peut différer de nature et nécessiter
des formations diverses. Là une partie de la ligne n'aura
à soutenir qu'un feu de tirailleurs, tandis qu'à proximité
quelques bataillons subiront tout l'effort de l'ennemi. Ici,
il faudra se déployer pour exécuter le feu de ligne, tandis
qu'une des extrémités de la ligne recevra en carré la
charge de lacavalerie ennemie. Ailleurs, enfin, des pertes
presque nulles ou modérées permettront de laisser au feu la
première ligne, tandis que plus loin on aura été dans l'obligation de renouveler plusieurs fois les lignes dans la journée, et même de remplacer les troupes primitivement engagées par des bataillons tirés de la réserve. Ces alternatives peuvent se présenter à différentes reprises dans la même affaire; que deviennent alors les manœuvres de ligne, au point de vue de leur application à la guerre ? Une superfétation ou un danger.
Les Allemands ont aussi remarqué que la deuxième ligne, dans la tactique moderne, à une tout autre mission à remplir que dans la tactique linéaire. Dans celle-ci, la deuxième ligne est une réserve destinée à protéger la première en cas de défaite, ou à la remplacer pour recommencer la lutte; la deuxième ligne forme un tout indépendant et n'ayant de liaison avec la première ligne que par la volonté du chef suprême.
Aujourd'hui , au contraire , la deuxième ligne n'est pas un tout tactique ; chacune de ses parties sert, non de réserve , mais de soutien immédiat aux bataillons de première ligne ; chacune d'elles doit pouvoir marcher d'une manière indépendante au secours de ces bataillons; le lien qui les unit est donc intime et étroit.
8° Principes de l'école allemande pour les mouvement* de plusieurs bataillons combinés. — École de brigade.
D'après toutes ces considérations, les tacticiens du Nord ont rejeté les évolutions de ligne de notre ordonnance, et ils ont adopté les principes suivants :
1° L'unité de manœuvre est la brigade ; « c'est la plus grande subdivision de troupes, dit le règlement prussien, « appelée à exécuter des évolutions purement réglementaires, sans être combinées avec les autres armes. »
2° Tout corps dépassant la force d'une brigade de manœuvre est toujours combiné avec les autres armes. A cet effet, on a donné des règlements qui , sans enchaîner l'initiative des généraux , que l'on cherche à laisser entière, ont pour but de fixer les esprits au sujet de l'emploi le plus avantageux des grands principes de la tactique.
3° La brigade ne fait pas partie d'une des lignes de bataille, mais des deux lignes à la fois; en d'autres termes, la ligne de bataille est composée de brigades accolées. Chaque commandant de brigade dispose donc , suivant les besoins, des troupes des deux lignes, et chaque fraction de ligne a pour chef un commandant de régiment.
§ «».—*» De l'ordre de bataille de l'infanterie.— Discussion.— Propositions de Marbot et de Rocquancourt.
Cette méthode a été fortement attaquée en France. Le premier qui s'efforça de la battre en brèche est le général Marbot, dans ses Remarques sur l'ouvrage du général Rogniat. Depuis cette publication, les arguments de Marbot ont été repris par Rocquancourt et professés à l'École militaire de Saint-Cyr.
Le général Rogniat, en proposant un ordre de bataille pour sa division (légion) de dix bataillons, voulait qu'on la plaçât sur deux lignes, une brigade en première ligne et une en seconde.
C'est contre ce système que s'éleva le général Marbot; suivant lui, c'est une doctrine fausse, étrange. Dans son opinion, chacune des lignes doit être formée de divisions déployées, et une division ne doit pas avoir de troupes dans les deux lignes à la fois.
Le général Marbot attribue la création de l' ordre de bataille des Allemands sur plusieurs lignes à l'influence de l'ouvrage du général Rogniat ; mais c'est une erreur.
S° Ordre de bataille des Prussiens en 1812
Le fractionnement prussien de l'ordre de bataille en brigades placées les unes à côté des autres et ayant des troupes dans les deux lignes, date de 1812. Le règlement publié cette année considérait déjà la brigade comme étant l'unité tactique des trois armes. Il est vrai de dire qu'à cette époque et jusqu'à la paix de 1815, le corps d'armée prussien était partagé en brigades qui formaient de véritables divisions. La force normale de chaque brigade était de neuf bataillons (trois régiments à trois ba taillons, dont un de fusiliers ou infanterie légère), deux escadrons et une batterie. V Instruction adressée par le prince Blucher à ses troupes , avant la reprise des hosti lités en Belgique, lui donne pour formation fondamentale la figure ci-contre (fig. 45).
Entre les brigades-divisions, il existait des intervalles assez grands pour faciliter les mouvements de la cavalerie et de l'artillerie. C'est ainsi que son armée combattit à Ligny et à Waterloo. Chaque corps d'armée possédait ses réserves de cavalerie et d'artillerie. Ce n'est que depuis la paix que la Prusse adopta la dénomination de division.
Aujourd'hui la division est composée de deux brigades, et chaque brigade est forte de deux régiments à trois batail lons (fig. 46). Les tacticiens allemands n'ont donc pas été séduits par les théories du général Rogniat; ils l'avaient précédé dans cette Voie. Ils n'ont adopté définitivement leur ordre de bataille qu'après une expérience de trois années de guerre.
« L'utilité de la formation de la brigade , disait déjà,
« en 1815, le prince Bliicher dans son Instruction, a été « consacrée par l'expérience de la dernière guerre (1813 « et 1814). »
a0 Argumentation de Marbot en raveur de son système.
Cela posé, voici l'argumentation du général Marbot :
A. Si un corps d'armée compte trois divisions en ligne, la première sera donc soumise à l'influence de trois géné raux différents. Il n'y aura de concert ni pour l'attaque ni pour la défense. Si un général, au contraire, commande toute la première ligne, il a à sa disposition tous ses ba taillons; il peut attaquer un bois, un village, un plateau, etc., avec des forces plus considérables, qu'il dirige selon ses propres lumières.
B. La deuxième ligne n'a pas pour mission d'être clouée derrière la première, bataillon à bataillon.Une partie de la deuxième ligne peut être portée à la hauteur de la première, pour l'empêcher d'être débordée ;on s'en sert pour former des échelons derrière les ailes de la première, aûn de protéger les flancs de l'ordre de bataille; la seconde ligne, dans les attaques obliques où l'on refuse une partie de l'ordre, peut être portée tout entière pour renforcer l' attaque d'aile ou de centre. Dans toutes ces combinaisons, si souvent répétées à la guerre, les divisions placées sur deux lignes verront non-seulement les brigades des divi sions séparées et agissant dans des desseins divers, mais les bataillons de la deuxième ligne ne seront plus derrière ceux de la première, et toute la théorie sera renversée.
C. Le système des deux lignes est funeste dans les dé ploiements en présence de l'ennemi, puisqu'il faut le dou ble de temps pour les effectuer. Dans l'autre système, les premières divisions arrivées sur lechamp de bataille forment lapremière ligne, et combattent sans attendre le déploiement de la seconde.
D. Souvent, la veille d'une bataille, les deux lignesd'une armée campent à plusieurs lieues Tune de l'autre, ou, lorsqu'on marche par ligne, les lignes se séparent quel quefois pour exécuter de grands mouvements stratégiques. Si les divisions sont partagées dans les deux lignes, comment le général pourra-t-il exercer son commandement ? Le général Marbot invoque à l'appui de son opinion l'exemple de Gustave-Adolphe , dont les troupes de deuxième ligne n'étaient jamais sous les ordres des généraux de la première , et celui de Frédéric II, qui ne plaçait jamais les troupes d'une même division dans les deux lignes.
Il invoque surtout les souvenirs de la République et de l'Empire. «Danstouteslesbataillesquionteulieudepuis « vingt-six ans, dit-il (ilécrivait en 1820), les troupes de « la deuxième ligne ne faisaient pas partie des divisions qui
composaient la première. »
4* Réfutation.
Toutes ces idées du général Marbot sont faciles à réfuter. Il ne tient aucun compte des progrès de la tactique ; il n'est même pas encore à la hauteur de Guibert. Ce qu'il préconise ici, c'est la tactique linéaire de la guerre de Sept- Ans. Sur quel champ de bataille a-t-on vu dix-huit bataillons déployés exécutant de concert un mouvement d'attaque ou de retraite? Comment une ligne de dix-huit bataillons pourrait-elle se livrer à une opération quelconque, telle que l'attaque d'un bois, d'un village,■ etc., sans cesser d'être ligne, sans se former en plusieurs lignes, comme le ferait un corps séparé? Où a-t-on vu des dispositions où les deux lignes d'infanterie opéraient isolément de grands mouvements stratégiques, ou bien campaient à plusieurs lieues l'une de l'autre? Tout cela se faisait à Prague, à Kollin, mais non pas au dix-neuvième siècle, ou du moins on n'a pu le faire sans méconnaître les principes que les guerres de cette époque ont mis en lumière ; ce qui le prouve, c'est que, pour étayer sa théorie, l'honorable général fait appel aux méthodes de Frédéric II, dont j'ai si souvent, dans ce mémoire, constaté la vétusté.
Le général Marbot remonte plus haut encore et va jusqu'à Gustave-Adolphe. Mais ici, l'exemple est mal choisi. L'infanterie de Gustave était placée sur deux lignes obéissant chacune à des chefs différents, il est vrai ; seulement, la seconde était une réserve de la première et non pas un soutien immédiat. De plus, chaque ligne était composée de brigades accolées, comme dans l'ordre prussien de 1812 à 1815, et chacune de ces brigades était formée sur plusieurs lignes, ainsi qu'on le voit dans la figure ci-contre (fia. 47). Quelle similitude est-il possible d'établir entre cet ordre et celui de la guerre de Sept-Ans?
Le général Marbot s'appuie aussi sur l'expérience des combats livrés de 1794 à 1815. Ici encore les faits lui donnent tort. Ce qu'il prétend avoir été la règle n'a jamais été que l'exception. Depuis 1794 jusqu'au camp de Boulogne, il n'y avait pas de corps d'armée tactiqnement organisés (1).
(1) Il y eut des corps d'armée en Italie et en Allemagne, pendant la campagne de -1800 ; mais ce n'était qu'afin de rendre, dans une année de 100,000 hommes, comme celle que dirigeait Moreau, le commandement moins lourd. On avait réuni dans la même main plusieurs divisions composées des trois armes, c o m m e sous la République, avec une brigade de cavalerie, de l'artillerie à pied et à cheval, et des sapeurs. Ce ne sont pas là les corps d'armée de l'Empire.
Le système divisionnaire existait seul alors, et l'on ne vit nulle part les deux lignes d'infanterie formées de divisions entièrement déployées l' une derrière l'autre. Ces corps combattaient comme fractions indépendantes; ils étaient placés dans deux ou trois lignes, suivant les besoins. C'est sur les bords de l'Océan que Napoléon organisa la Grande armée en corps composés de plusieurs divisions, et c'est
depuis cette époque seulement qu'on vit renaître le système auquel le général Marbot voudrait qu'on se ralliât d'une manière exclusive. Ce retour vers l'ordre linéaire s'explique chez des chefs qui avaient pour la première fois un commandement si considérable; ils cherchèrent des règles de conduite dans le règlement de 1791. Il est bon d'ajouter que les maréchaux prenaient leurs dispositions comme ils l'entendaient.«Napoléon leur laissait d'ordinaire la latitude la plus entière pour leurs combinaisons particulières, le choix des positions, les mouvements, les manœuvres que, selon les circonstances, ils jugeaient les plus propres à atteindre le but qui leur avait été marqué. »
deNeusiedel,livréspar Davoust, Pontétéd'après ce système. Les divisions Gudin, Friant, Morand, abordèrent l' ennemi sur deux lignes de colonnes d'attaque. Il est à remarquer q u e D a v o u s t n ' é t a i t p a s u n o f f i c i e r d e l a R é v o l u t i o n ; il a v a i t servi comme lieutenant dans le régiment Royal-Champa g n e ; il é t a i t l ' a m i d e D e s a i x e t l ' a n c i e n c o n d i s c i p l e d e N a p o léon à l'École militaire. En suivant avec soin ses mouvements, il est facile de reconnaître qu'il partageait les opinions des partisans de l'ordre perpendiculaire. Un des émules les plus renommés de Davoust suivait les mêmes errements : Ney combattait avec ses divisions sur deux lignes. C'est ainsi qu'il accomplit un de ses faits d'armes les plus glorieux : l'attaque de l'aile gauche des Russes à Friedland.
Toutefois, ce maréchal se gardait bien d'en faire l'application dans des pays ondulés, coupés, et, à plus forte raison, dans des pays de collines et de montagnes. Il ne le faisait que sur une plaine unie, quand le général de division pouvait embrasser d'un coup d'œil toute sa ligne. Or, d'après notre manière de faire la guerre, d'armée rencontreront ils beaucoup de terrains de cette nature?
Mais à côté de Masséna, il existait d'autres généraux illustres qui disposaient leurs troupes suivant des principes opposés.
À Iéna, toutes les divisions combattirent sur deux lignes, et quelques-unes même par brigades séparées. Deux des plus beaux combats de l'Empire, ceux d'Auerstaedt et de Neusiedel, livrés par Davoust, l'ont été d'après ce système. Les divisions Gudin, Friant, Morand, abordèrent l' ennemi sur deux lignes de colonnes d'attaque. Il est à remarquer q u e D a v o u s t n ' é t a i t p a s u n o f f i c i e r d e l a R é v o l u t i o n ; il a v a i t servi comme lieutenant dans le régiment Royal-Champa g n e ; il é t a i t l ' a m i d e D e s a i x e t l ' a n c i e n c o n d i s c i p l e d e N a p o léon à l'École militaire. En suivant avec soin ses mouvements, il est facile de reconnaître qu'il partageait les opinions des partisans de l'ordre perpendiculaire. Un des émules les plus renommés de Davoust suivait les mêmes errements : Ney combattait avec ses divisions sur deux lignes. C'est ainsi qu'il accomplit un de ses faits d'armes les plus glorieux : l'attaque de l'aile gauche des Russes à Friedland.
Quoique l'empereur Napoléon laissât à ses lieutenants l'initiative de leurs mouvements, il procéda néanmoins lui- même à la formation de son armée dans deux circonstances solennelles, alors qu'il allait se mesurer pour la première fois avec les deux infanteries les plus solides de l'Europe; je veux parler d' Austerlilz et de Waterloo. A Austeililz, nous l'avons vu plus haut, il adopta la formation que l'Allemagne a choisie pour type, à savoir les brigade accolées et sur deux lignes; à Waterloo, les huit divisions qui constituaient l'ordre de bataille étaient toutes formées sur deux lignes.
Après tant d'exemples fameux, il est permis de dire que les doctrines allemandes ne sont pas si fausses et si étranges qu'elles le paraissent au général Marbot. Ce système, au contraire, a plus de mobilité; il est mieux articulé, si Ton
peut s'exprimer ainsi : Le général Marbot s'est servi d'un autre argument qu'on retourne aisément contre lui-même. «Comment, « dit-il, conservera-t-on l'harmonie de la formation sur « deux lignes, si les brigades renferment un nombre inégal « d e b a t a i l l o n s ? O r , il a r r i v e s o u v e n t q u e d e s b r i g a d e s o n t « trois régiments, tandis que d'autres n'en possèdent que « deux ; il arrive que des régiments n'ont que deux bataillons en ligne, tandis que d'autres en ont trois. » A cela je réponds : L'inégalité est bien plus grande encore entre les divisions qu'entre les brigades; il y a des divisions de trois brigades et des divisions de deux brigades. Si donc on les place sur deux lignes, il se trouve que l'une d'elles débordera l'autre d'un front égal à six bataillons.
S° Système actuel des armées allemandes.
Mais ce n'est pas là la seule difficulté du système. Si le corps d'armée est composé de deux divisions d'égale force et qu'on veuille conserver quelques troupes en réserve, ou bien sile corps d'armée est assez fort pour mettre en lignetroisdivisions,quelle combinaison régulièrelechef adoptera-t-il? Le système allemand tranche ces difficultés. Les brigades se placent l'une à côté de l'autre, et si l'une d'elles est composée d'un nombre impair de bataillons, elle met en première ligne un bataillon de plus. Pour citer un exemple , la figure ci-coulre (fig. 48) indique comment étaient placées en bataille, au camp d'Olmùlz, en 1853,
trois brigades de quatre , cinq et six bataillons. S'il faut détacher une ou deux brigades, la ligne de bataille est dimi nuée, et ce détachement s'opère sans la moindre perturbation.
Brigade de 6 bataillons. Brigade de 4 bat. Brigade de 5 bataillons, ■tt'-irV%■ i-e«?__J i -120?- ■ ■ ■
Fig. 48.
Ainsi, avec le système de Marbot, l'harmonie est rompue dès qu'il existe une irrégularité entre le nombre des brigades dans les divisions, ou celui des bataillons dans les brigades, tandis que le système allemand ne souffre aucunement de cette irrégularité.
Mais, dit-on, dans les déploiements, il faudra deux fois plus de temps à un corps d'armée pour prendre sa ligne de bataille en présence de l'ennemi , et la première division pourrait être attaquée et prise en flanc avant que la. deuxième eût gagné son emplacement.
On peut répondre que les longues colonnes composées de plusieurs divisions s'avançant jusqu'en vue de l'ennemi, poursedéployeràportéedesescoups, sontuneréminis cence de la tactique linéaire et n'appartiennent pas à la tactique moderne. De nos jours, ces colonnes sont employées comme formation de marche et non de manœuvre. On s'avance sous la protection d'une forte avant-garde , et dès que l'ennemi est annoncé, on rompt les colonnes de marche; s'il n'est pas possible de se déployer par bataillon en masse, on marche en autant de colonnes parallèles qu'il y a de divisions, ou même de brigades à intervalles de déploiement.
A Waterloo, par exemple, l'armée de Napoléon quitta ses bivouacs en autant de colonnes qu'il y avait de divisions, et chacune d'elles se déploya sur deux lignes, à portée du canon de l'ennemi.
Il est vrai que la nécessité de déployer une division tout entière et de l' engager avant la formation de la seconde ligne, se présente quelquefois à la guerre, lorsqu'on est surpris en marche, ou bien lorsqu'après le passage d'un déGlé on trouve l'ennemi devant soi. Ce sont là des exceptions, mais il faut y parer. La tactique allemande ne s'oppose pas à de pareilles modifications an système général. Si après mûre réflexion, si après l'expérience de longues guerres, les militaires de l'Allemagne ont cru devoir adopter, comme ordre fondamental, la formation des brigades accolées, parce qu'elle satisfait mieux, et dans le plus- grand nombre de cas, aux nécessités de l'attaque et de la défense, ils n'ont pas voulu enchaîner les généraux à ce système, comme à une formule immuable. Au contraire, les règlements ordonnent aux chefs de s'écarter des prescriptions réglementaires chaque fois que les circonstances, les dispositions de l'ennemi ,ou celles du terrain l'exigeront (1).
note (1) Le règlement prussien dit en termes formels (p. 203) qu'une troupe n'est propre à rendre tous les services que l'on est en droit d'exiger d'elleque :wennder Brigadc-Kommandeur und die sâmmtlichen Stabs- offiziere ex rerxtehen , bei der Ànwendung der gegebenen Vorschriften
tels die Abàndcrungen eintreten zu lassen, welche der cinzelne Fait, die Maaszregeln des Feindesund die Beschaffenheit des Bodens er- hcischen.
L'ordonnance au
Le général Marbot parle beaucoup des mouvements indépendants que la seconde ligne peut être appelée à exécuter pendant que la première combat, et Rocquancourt le copie dans son Cours de tactique. « Les circonstances où « l'une des deux lignes est appelée à se mouvoir indépendamment de l'autre, se présentent sans cesse, » dit-il à la page 206 de son tome iv. Mais à la page 201 il avait écrit le passage suivant, qui est en contradiction formelle avec le premier : « Une remarque importante, « c'est que les troupes de la seconde ligne, bien que ne combattant pas encore, cessent pourtant d'être a la disposition du général, du moment où celles de la première sont « engagées. Rien n' est plus dangereux, en effet, que de retirer « des troupes de la deuxième ligne pour les porter sur d'autres « points; un pareil mouvement inquiète et décourage la première, « en lui enlevant son appui. » Ici Rocquancourt me paraît être dans le vrai.
Les opérations que Marbot exécute avec sa seconde ligne sont du ressort des troupes de réserve. Sans doute, une seule ligne d'infanterie suffit souvent, par exemple lors qu'elle est postée derrière des obstacles infranchissables sous le feu de l'infanterie, lorsqu'on refuse une partie de l' ordre de bataille, etc.
Dans ces cas, les Allemands dé ploient un nombre suffisant de brigades en colonnes de compagnies soutenues par les pelotons du troisième rang comme seconde ligne ou réserve, et ils disposent ensuite des brigades devenues disponibles. Selon moi, on doit choisir entre les deux systèmes suivants :
- l'ordre napoléonien à Waterloo, ou de Davoust et de Ney à Auerstaedt, Friedland et Wagram, c'est-à-dire l' ordre divisionnaire sur deux lignes;
- ou bien l' ordre napoléonien à Austerlitz, réglementé aujourd'hui en Autriche et en Prusse, c'est-à-dire la formation des brigades accolées et sur deux lignes. Je crois que l' une ou l' autre méthode peut, selon les circonstances, trouver une utile application.
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PRUSSE.
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ÉCOLE DE BRIGADE. Page 138
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§13. — L'arméeprussiennen'apasd'&o/edelignedans l'acception que Ton donne en France à cetteexpression. Sonécoledebrigadeestl'objetdelacinquième partiedu règlement d'exercice, dans lequel elletientpeudeplace. Rien n'y rappelle lesvieux errements de Tordre linéaire. On y trouve seulement, pour les commandants de ba taillon, des règles générales de conduite dont l'application est abandonnée à leur intelligence. Dans nos manœuvres actuelles, pour un corps d'armée de seize bataillons, on ne
reconnaît qu'un commandant en cheï', deux commandants de ligne, et des commandants de bataillon; les autres
MARBOT / remarques critiques sur l' ouvrage de ROGNIAT
Des dangers et des pertes auxquels M. le général R o gniat expose inutilement les troupes de la deuxièmeligne de sa légion en les laissant formées en colonnespar bataillon, pendant que la première ligne est e n
bataillon carré, aux voltigeurs de M. le général R o gniat, qui sont entièrement irréguliers, et ne saventnimarcheraupas,niseformerenrangsetpelotons, 436
D e la difficulté de bien couvrir les flancs de l'infanterie
de la légion, avec des cavaliers irréguliers qui m a rchent à la débandade, ne savent pas se former en
escadrons, et n'ont par conséquent aucune consis
tance , 438M. le général Rogniat est dans une grande et dangereuse erreur, lorsqu'il compte sur les distractions de son ennemi, et croit qu'il ne verra pas les mouvemens
qu'il fait pour l'attaquer, FaussetédeladoctrinedeM.legénéralRogniat,lors
qu'il prétend que le chef d'une troupe qui est en b ataille, et qui se voit attaqué par une colonne, doit faire reculer le centre de sa ligne pour envelopper la colonne ennemie ;danger de cette manœuvre, 442
Erreur de M. le général Rogniat lorsqu'il compare le croissant, qu'il propose de former dans le centred'une ligne, à la tenaille des Romains, dont parle V égèce ,
M. le général Rogniat se trompe infiniment lorsque, pour justifier le mouvement rétrograde qu'il a p r o
Pages.
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CHAPITRE VII. Des Armées et de leur ordre de bataille.
M. le général Rogniat ayant créé une armée fictive, composée de corps formés sur un nouveau plan, ilaurait dû apprendre à ses lecteurs quelle est l'orga nisationqu'ildonneauxcorpsd'artilleursetdecui rassiersqu'ilemploiedanscettearmée,etM.legé néral ne dit rien à ce sujet,
Erreur dans laquelle est tombé M. le généra Rogniat,lorsqu'il prétend qu'il ne faut que deux espèces decavalerie; démonstration de l'utilité des trois espèces de cavalerie, grosse, mixte et légère,
M. le général Rogniat ne mettant point d'intermédiaireentre ses généraux chefs de légions et son général en chef, ilen résultera de très-graves inconvéniens,
M. legénéral Rogniat n'emploie que six officiers gé nérauxparcorpsd'arméede36millehommes;cenombre n'est pas suffisant,
M. le général Rogniat est dans l'erreur, lorsqu'il pense qu'il pourrait être avantageux à la cavalerie de formerses rangs sur une plus grande profondeur que celle actuellement en usage,
M. legénéralRogniatsetrompeinfiniment,lorsqu'ildit quelacavalerieseformepluspromptement quel'infanterie,
Erreur de M. le général Rogniat, lorsqu'il prétend que la cavalerie a moins besoin de précision que l'infanterie,
ice de l'ordre de bataille de M. le général Rogniat,qui veut que les légions, dont il forme les deux lignes de son corps d'armée, aient chacune cinq b ataillons dans la première ligne, et cinq bataillonsdans la deuxième ; inconvéniens que cette méthodeentrainerait après elle,
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M. legénéralsefaitillusion,lorsqu'ilpensequesescavaliers légionaires , qui sont irréguliers , pourrontcouvrir et protéger les ailes de sa grande armée enbataille; citation à ce sujet de ce qui arriva, lors dela première bataille de Lutzen, à la cavalerie irrégulière que //alstein avait opposée à la cavalerie r é
gulière des Suédois,
M. le général Rogniat m'emploie pas assez d'artillerie
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légère, et n'en a pas une seule pièce à donner aux 12,ooo cuirassiers de sa grande armée,
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Dans le précédent chapitre, M. le général Rogniat ayant supposé une de ses légions en présence de l'ennemi, il a placé les dix bataillons qui la composent de manière à former une première, une deuxième ligne et une réserve; ces dispositions étaient alors nécessaires, puisque la légion était seule; mais, au chapitre VII , M. le g é n é r a l r é u n i t q u a t r e d e s e s l ég i o n s d o n t il f o r m e un corps d'armée, et, après avoir placé une lég i o n e n r é s e r v e , il v e u t q u e l e s t r o i s a u t r e s f a s s e n t à la fois partie des deux lignes, c'est-à-dire que chaque légion ait cinq bataillons à la première , ligne et cinq à la deuxième. L'avantage que M. le général Rogniat trouve à cette formation, est, dit il, que chacun des trois généraux chefs de lé gion disposant ainsi de la partie de la deuxième ligne qui est derrière les troupes qu'il c o m m a n d e dans la première, les secours arriveront plus exactement et plus promptement, que s'ils dépendaient des ordres d'un général commandant e n tièrement la deuxième ligne et n'ayant aucune troupe dans la première. - - -
Cet avantage peut séduire au premier moment, mais, en y réfléchissant bien, je trouve que la méthode de placer les troupes d'une même légion ou division dans les deux lignes à la fois, présente plusieurs graves inconvéniens qui sur passent de beaucoup les avantages qu'en attend M. le général Rogniat :
- 1° si trois divisions ou légions, de dix bataillons chacune, sont réparties par portions égales dans les deux lignes, il n'y aura presqu'aucun ensemble dans les m o u v e m e n s d'attaque de la première ligne, puisque chacun des trois généraux ne pourra diriger que cinq bataillons de cette ligne, ce qui est trop peu pour pouvoir entreprendre quelque chose d'important; et quelle que fût l'union et la bonne volonté des trois généraux, les bataillons de la p r emière ligne agiraient très-rarement de concert pour l'attaque c o m m e pour la défense : d'ailleurs, ces généraux étant obligés de commander en même temps dans les deux lignes, ils ne pourraient, pendant le combat, donner toute leur attention à ce qui se passerait dans la première, et le service en souffrirait.
- Notre manière habituelle de placer les troupes est bien préférable :
lorsqu'un corps d'armée de plusieurs divisions se met en bataille, les divisions ne sont presque jamais morcelées dans les deux lignes, mais chacune d'elles est ordinairement tout entière à la première ou à la deuxième ligne; de sorte que le général de la division qui est en première ligne, ne s'occupe que de cette ligne où il a tous ses bataillons, ce qui lui permet d'attaquer un bois, un village, un plateau, un retranchement ou position quelconque avec des forces plus considérables , qu'il dirige selon ses propres lumières :ce qui met bien plus d'ensemble dans les efforts que font les troupes, qu'il n'y en aurait dans l'attaque de deux brigades de première ligne appartenant à deux divisions différentes, et dirigées chacune par un général de division.
M. le général Rogniat, en prescrivant que chacune de ses légions ait un nombre égal de bataillons dans la première et la deuxième ligne, n'a pas fait attention qu'en voulant augmenter par là l'accord des mouvemens de ces deux lignes, il détruit, en même temps, l'unité et l'ensemble qui doivent exister dans les différentes parties de la première ligne; ce qui est on ne peut plus dangereux.
2° - Le deuxième inconvénient que présente la proposition de M. le général Rogniat, serait de nous
priver de la facilité de mouvoir notre deuxième ligne à volonté. Par exemple,
- un grand principe de tactique prescrit, si une de nos ailes est sur le point d'être débordée, de porter à sa hauteur une partie des troupes de la deuxième ligne, au lieu de chercher à étendre celles de la première. Ce mouvement, qui est facile quand la deuxième ligne est formée de divisions différentes de cel les qui sont à la première, détruirait toute la symétrie de l'ordre proposé par M. le général Rogniat.
- Un autre principe de guerre veut qu'en pays découvert les ailes de la deuxième ligne dépassent toujours celles de la première qu'on ne peut appuyer. Or, comment M. le général pourra-t-il se conformer à ce principe, s'il place à la deuxième ligne les cinq derniers bataillons de chaque légion, précisément derrière la partie de la première ligne où seront les cinq premiers b a taillons de cette m ê m e légion ? -
Bien avant M. le général Rogniat, M. de Guibert avait proposé de mettre une brigade de chaque division dans la première ligne, et l'autre dans la deuxième. Mais, Guibert fut bientôt embarrassé lui-même par cette formation ;
- car lors qu'il vèut faire combattre son armée fictive en ordre oblique, et attaquer avec sa droite en refusant sa gauche, il est obligé pour se conformer au principe qui veut qu'en pareil cas, on renforce sa droite avec les troupes inutiles à la gauche de la deuxième ligne, il est obligé, dis-je, de bouleverser lui-même l'ordonnance qu'il vient d'établir; car, il p r e n d à la g a u c h e d e la d e u x i è me ligne plusieurs brigades qu'il amène à la droite, loin de leur général et de leurs divisions restées à la gauche de la première ligne, ce qui est infiniment vicieux, puisqu'il y a alors plusieurs divisions qui ont une brigade à l'aile droite de l'armée, et l'autre à l'aile gauche.
M. le général Rogniat voulant former sa deuxième ligne, d'après Guibert, tombera dans le m ê m e inconvénient; car, s'il veut, dans les combats obliques, renforcer une aile avec une partie de la deuxième ligne, il ne le pourra sans bouleverser son ordre de bataille.
- Nous n'éprouvons pas de telles difficultés, puisque, d'après notre système actuel, l'emploi des troupes placées en deuxième ligne, est de soutenir celles de la première en général; mais les bataillons de la deuxième ligne ne sont pas destinés à secourir seulement les bataillons qui sont en face d'eux ils ne sont pas non plus cloués, pendant toute une bataille, derrière tels ou tels bataillons de la première ligne qu'on leur aura désignés.
- Il nous suffit que les troupes en première ligne aient derrière elles une deuxième ligne, et peu importe que ce soit tel ou tel point de cette deuxième ligne qui soit derrière tel bataillon de la première; et si les circonstances l'exigent, la deuxième ligne, composée de divisions entières, peut appuyer à droite ou à gauche de quelques centaines de toises sans qu'il en résulte aucun inconvénient.
- Mais il n'en serait pas de même, si on adoptait le système proposé par M. le gén é r a l R o g n i a t , c a r si l e s b a t a i l l o n s d e s a d e u x i è m e ligne ne marchent pas exactement et constamment depuis le commencement de la bataille jusqu'à la fin derrière les bataillons de leurs légions qui sont en première ligne, le but que M. le général se propose sera manqué, puisque le chef de chaque légion aura ses cinq bataillons de deuxième ligne peut-être à 2oo toises à droite ou à gauche de sa légion, tandis qu'il aura derrière sa première ligne des troupes qui ne lui appartiendront pas et dont il ne pourra disposer.
- Il en résultera un grand désordre, car la deuxième ligne ayant trois commandans différens (les trois chefs de légion), et aucun d'eux n'ayant sous la main la partie de cette ligne qui est à ses ordres, il arrivera que dans les momens difficiles la deuxième ligne ne sera plus commandée, ou bien elle le sera très mal; et si les cinq bataillons qu'une légion aura à la première ligne sont repoussés, comme d'après le système du général Rogniat ils n'ont de secours à attendre que des cinq autres bataillons de cette même légion placés en deuxième ligne, il se fera que si les cinq derniers bataillons n'ont pu marcher directement derrière les cinq premiers, ils arriveront trop tard pour les soutenir, et ce cas se présentera très-souvent; car, je défie qu'on puisse citer deux affaires où les bataillons de la deuxième ligne se soient trouvés à la fin de l'action exactement derrière ceux de la première qui étaient devant eux au commencement.
3° - Le troisième inconvénient de la méthode proposée par M. le général pour former les lignes, se ferait sentir toutes les fois que son armée semettrait en avant en bataille, car il veut que la légion, qui est en tête de la colonne de route et doit former la droite , se mette en bataille en plaçant cinq bataillons en première ligne et cinq en deuxième , de sorte que la droite de l'ar mée serait déjà sur deux lignes avant qu'il y eût un seulbataillondu centre,nidelagauche dela première ligne arrivé sur le terrain :la deuxième légion se mettrait ensuite en bataille aussi sur deux lignes, et formerait le centre; ainsi, l'aile droite et le centre seront sur deux lignesa v a n t q u e l'aile g a u c h e ait s e u l e m e n t u n e p r e m i è r e ligne, de sorte que la première ligne de l'armée du général Rogniat ne sera vraiment prête à re cevoir l'ennemi ou à l'attaquer que lorsqu'elle aura entièrement formé sa deuxième ligne; mais,il reste à savoir si l'ennemi lui en donnera le
temps, et je demanderai ce que fera M. le général Rogniat si, lorsqu'il aura formé sa droite et son centre sur deux lignes, l'ennemi vient l'attaquer avant l'arrivée de sa gauche ? Ne regrette ra-t-il pas alors d'avoir mis ses troupes sur deux lignes à sa droite et à son centre, au lieu d'avoir commencéparseformerunepremièrelignecom plète qui aurait maintenu l'ennemi sur tous les points, et donné le temps à la deuxième ligned'arriver sur le terrain ?
D'après notre tactique, les premières divisions qui arrivent sur le champ de bataille forment la première ligne, et dès qu'elle est formée, on peut combattre sans attendre la deuxième ligne qui vient se placer derrière, et cette méthode est beaucoup plus prompte et beaucoup plus sûre que celle de M. le général Rogniat.
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4°M. le général plaçant la moitié des bataillons de chaque légion dans la première ligne, et l'autre dans la deuxième, comment sera-t-il possible que les chefs de légion puissent c o m m a n d e r les t r o u pes qu'ils auront dans les deux lignes, lorsque la veille d'une bataille, ou le soir m ê m e après l'action, les deux lignes, comme cela arrive souvent, camperont à une demi-lieue ou à une lieue l'une de l'autre; ou bien lorsque dans les marches de flanc et par lignes, les deux lignes se sépareront p o u r faire les g r a n d s m o u v e m e n s s t r a t é g i q u e s q u i précèdent les batailles?Nos divisions étant presque toujours toutes entières dans la première ou
dans la deuxième ligne, toutes les troupes sont sous la surveillance de leurs généraux respectifs : ce qui est d'un avantage immense lorsque les lignes campent ou marchent à de grandes distances l'une de l'autre.
D'après toutes ces considérations, je crois que l'avantage que M.le général trouve à ce que chaque chef de légion puisse avoir autant de bataillons à ses ordres dans la deuxième ligne que dans la première, est fortement contrebalancé et m ê m e entièrement détruit par les graves inconvéniens qui en résulteraient, et je pense qu'une légion (ou division) doit, habituellement, être entièrement placée à la première ou à la deuxième ligne.
Il n'y a que dans quelques circonstances extrêmement rares où nous en agissions autrement, c'est lorsqu'on combat dans un pays coupé, très couvert, ou dans des montagnes :alors chaque division se forme ordinairement sur deux lignes pour rétrécir autant que possible la partie du champ de bataille que chaque général de division d o i t o b s e r v e r ; c a r , si e l l e é t a i t a u s s i é t e n d u e q u ' e n p a y s d é c o u v e r t , il n e p o u r r a i t v o i r c e q u i s e p a s s e dans sa division, ni dans celle que l'ennemi lui oppose ;il en est de même pour les assauts, etc.
Mais quand la nature du pays permet de voir facilement les deux extrémités d'une division en bataille, nous formons presque toujours les deux lignes avec des divisions différentes.
Je pense que M. le général Rogniat aurait dû suivre cette méthode, et qu'au lieu de faire une formation habituelle du placement des troupes de la même légion dans les deux lignes, il aurait dû au contraire ne l'admettre que comme exception à la règle, et seulement pour les cas infiniment rares où nous formons nos divisions sur deux lignes.
Je dis que ces cas sont très-rares, c a r il e s t f a c i l e d e s e c o n v a i n c r e q u e , d a n s p r e s que tous les grands mouvemens stratégiques, ainsi que dans presque toutes les batailles qui ont eu lieu depuis vingt-six ans, les troupes de la deuxième ligne ne faisaient pas partie des divisions qui composaient la première ; et j'ajouterai que le grand Frédéric plaça aussi très-rarement les troupes d'une m ê m e division dans les deux lignes, et l'on voit au contraire que chacune de ses lignes de bataille était presque toujours composée de divisions entières ayant leurs généraux respectifs.
Gustave-Adolphe suivait le même précepte, car les troupes de sa deuxième ligne n'étaient point sous les ordres des généraux qui c o m m a n daient celles de la première (1)
Note (1) Le mérite et la réputation d'un officier aussi distingué que M. le général Rogniat, donnent aux fausses doctrines qu'il avance une autorité dont les meilleurs esprits ont peine à se défendre; en effet, le comité militaire, près la diète de Francfort, est composée de généraux choisis parmi ceux que l'Allemagne considère comme les plus instruits; cependant ce comité chargé de l'organisation de l'armée germanique s'est laissé séduire par l'ouvrage de M. le général Rogniat, dont il a adopté plusieurs préceptes des plus faux, entre autre celui de la formation des lignes; car le comité militaire allemand
veut que dans les corps d'armée de la confédération, on place les troupes des divisions de la manière proposée par le général Rogniat, c'est-à-dire, une brigade dans la première ligne, et l'autre dans la deuxième; et cette étrange résolution du comité militaire a été adoptée par les états représentés à la diète; mais laissons-les faire, chacun est maitre de prendre chez soi les dispositions qu'il préfère.
As noted by HK, you have elements in Foucart
Foucart's campagne de Pologne :
- arrangement on several lines - strength and composition of the lines: p 443 - arrangement of each line - of the fight p 446
Foucart's Campagne de Prusse :
- the army corps on the battlefield p 700 - the division on the battlefield p 703 - the battle line and the front line reserves p 704
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5735845d/f746.image.r=Paul%20foucart
Foucart can also be found on google books:
https://books.google.com/books?id=l1pBAAAAIAAJ&printsec=frontcover&dq=La+Campagne+de+Prussie+(tome+1+j%C3%A9na)&hl=en&newbks=1&newbks_redir=0&sa=X&ved=2ahUKEwjnn4WYk6bsAhUBhXIEHYiRBaAQ6AEwAHoECAQQAg#v=onepage&q=La%20Campagne%20de%20Prussie%20(tome%201%20j%C3%A9na)&f=false
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It is on Gallica
Thanks Hans-Karl, that's great - do you know if it is available online anywhere - I can't find in the usual suspects including Gallica.
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Foucart, Campagnes de Prusse et de Pologne, La Campagne de Prussie (tome 1éna) chapter - la division sur le champ de bataille pp 703